Ce qu'on a de mieux à offrir
- Aurélie
- 17 mai
- 7 min de lecture
Si vous n'avez pas encore lu le dernier article, je vous invite à le faire ici. Ce sera utile pour la bonne compréhension de ce qui va suivre. Bonne lecture !
La rédaction de cet article m'a laissée un peu perplexe. Je voulais en faire une explication détaillée de long en large, tant le sujet m'intéresse mais après quelques essais, le problème initial refaisait surface : Comment expliquer ce qui se vit plus que ne s'explique ? Comment toucher vos cœurs afin de vous amener à comprendre la véritable essence de l'Amour de l'autre ?
Mais c'est aussi dans ces moments-là que je me rappelle que le plus simple est souvent le meilleur chemin.
Ce regard que l'on porte à l'autre
L'Amour est loin d'être une partie de plaisir. Du moins, l'Amour dans son fondement premier.
Loin, très loin des conceptions épicuriennes de notre temps, l'Amour est un don de soi délibéré, qui n'attend rien en retour. C'est un geste, un pont vers l'autre qui naît de la curiosité innocente de découvrir la merveille qu'il renferme.
L'Amour est enfantin. Il ne s'encombre pas des réalités alambiquées de notre ère. C'est un appel intérieur qui pousse à vouloir toujours offrir ce que l'on a de mieux à l'autre avec une certaine évidence de recevoir également le meilleur de lui. C'est un échange sans faux-fuyants, sans peurs, sans complexes, qui suppose que les deux individus prennent mutuellement plaisir à explorer la personnalité de l'autre.

Le vrai problème de l'Amour aujourd'hui
Le problème qui se pose est lorsque l'une des parties de l'échange agit avec une forme d'intérêt déguisé. Cet intérêt n'est pas nécessairement financier — oubliez un peu ces films d'action dont Hollywood gave le monde. Je ne pense pas que l'argent, ni le matériel ait été un problème réel dans nos relations. La difficulté se présente toujours dans la perception que l'on choisit d'avoir d'eux. On peut avoir des milliards et choisir de garder à cœur un principe de générosité envers les autres. ça part simplement de l'éducation que l'on choisit de garder en soi.
J'ai souvent utilisé le mot "choisir", n'est-ce pas ? Parce que tout est une question de choix dans la vie — les pseudo-coachs en développement personnel des réseaux sociaux auront au moins eu raison sur un point.
L'intérêt peut revêtir un choix de ne pas se montrer entièrement pour éviter d'être blessé à nouveau ou, dans d'autres cas, de blesser à nouveau.
L'intérêt peut être l'envie de cultiver cette image de mystère, d'élitisme, très instagrammable ; l'envie d'être désiré, de se conformer à une certaine façon qui semble être la seule manière d'exister, de crier qu'on est là, qu'on est bien vivant et qu'on mérite qu'on ne nous regarde pas seulement mais qu'on nous voit aussi.
L'intérêt peut être de réussir à tout prix, quitte à "supprimer l'autre" de la liste. Ou encore de simplement satisfaire une envie charnelle en profitant du plaisir que l'autre pourrait délibérément nous apporter, par considération, voire par amour sincère. L'intérêt est une rafale, une tornade d'émotions, d'envies, d'ambition, de désir de pouvoir, qui ne fait pas de distinction entre ses victimes ; il regarde simplement l'environnement et avale qui semble être plus faible dans la nature. Il ne regarde pas à l'innocence de l'autre, ni aux débris qu'il laisse derrière dans son Être.
Il dira simplement que "Bah, tu l'as bien cherché" sans possibilité de rétrospective sur la situation, justifiant même le plus immoral des actes par la loi naturelle du plus dominant.
La conséquence ? Elle est assez claire.
L'impact de cette philosophie épicurienne
On s'étonne quand on voit des gens agir avec immoralité, quand on voit des enfants manquer de respect à l'autorité. On s'indigne du désordre dans la société. En oubliant cette personne à qui l'on a parlé mal hier au bureau, qui ira comme tous les jours rejeter sa frustration sur ses enfants qui vont se renfermer, s'éloigner de lui et projeter son image sur le reste de la société ; ils s'éloigneront aussi de la société et craindront toute forme d'autorité qui pourrait symboliser un retour à la soumission à une parentalité tyrannique, égoïste qui serait une menace à leur désir de vivre en paix.
On s'étonne des problèmes que les autres créent en oubliant les problèmes que nous créons chez eux. On s'active à critiquer, à descendre, à rabaisser plus qu'à chercher à comprendre que le vrai problème réside dans notre incapacité individuelle à aimer.
On oublie souvent que nous avons tous peur d'aimer et de ne pas recevoir la pareille.
Nous sommes tous tétanisés au fond de nous livrer à l'autre et risquer de perdre le peu d'équilibre qui nous reste ; même ces visages qui vous paraissent les plus sereins et imperturbables vivent tous cette hantise, la nuit, lorsqu'ils éteignent la lampe de leur chevet et que le plafond devient leur seul allié.
Quand il faut mener le bon combat de l'Amour
Nous avons tous peur. Mais faut-il arrêter la réflexion à un courant de peur ?
Là où il y a la peur, il n'y a que de la crainte. Faut-il aligner sa vie à un sentiment perpétuel de crainte ?
Là où il y a la crainte, il n'y a pas d'Amour. Avouons que nous avons tous fait le choix inconscient de renoncer à l'Amour.
Faudra-t-il alors accepter d'y renoncer encore et encore ? Faudra-t-il choisir de bâtir une société sans émotions, sans attache, plus "simple" à vivre ? Faudra-t-il offrir à nos enfants un monde où ils n'auront plus le droit d'être des enfants ?
Faudra-t-il accepter de dresser un décor où leur innocence doit être tuée dans l'œuf ? Faudra-t-il les abandonner à un sort qu'ils ne méritent pas parce qu'on a été trop lâches pour affronter nos propres angoisses ? Qui découlent des problèmes que nous avons nous-mêmes créés par facilité de se "vendre" l'autre sur l'autel de l'ascension sociale ?
Ce sont les vraies questions que nous devons chacun nous poser, lorsque nous sommes confrontées à ces situations où la colère, le mépris et l'élimination de l'autre semblent être la voie royale qui se dessine devant.
Hier était peut-être catastrophique. Vous réalisez peut-être à l'instant que vous avez merdé et que vos choix ont créé chez beaucoup de gens, des monstres qui n'auraient pas dû être. Néanmoins, j'ai une bonne nouvelle pour vous : les erreurs se rattrapent toujours. D'une façon ou d'une autre.
Et le présent est toujours le meilleur moment pour un changement.
Comment aimer l'autre ?
Bonne question. Nous y avons déjà répondu plus haut.
En changeant le regard que l'on porte sur l'autre. L'Amour meurt quand on cesse de voir l'autre comme une opportunité à saisir. Il disparaît lorsque notre passé toxique nous lasse tellement de l'autre que nous le voyons comme un fardeau à fuir. On se sent alors beaucoup mieux dans la solitude.
Et une forme de glorification du repli sur soi naît, glaçant toute la société. Nous devenons des Êtres froids, incapables de ressentir quoi que ce soit, qui jouissent des films d'horreur où l'on torture à mort, où l'on opère une véritable chasse à l'homme qu'on s'imagine bien en train de faire si on en avait les moyens — et si la prison n'existait pas.
Aujourd'hui, nous avons tous peur d'aimer mais nous ne pouvons pas fuir indéfiniment ce qui fait partie intégrante de notre humanité. Ce serait comme passer notre vie à nous fuir inlassablement pour survivre. Mais survivre avec quelle finalité ?
Vous aurez simplement fui la vie pour survivre et prolonger une existence où vous ne vivez même pas. La vie, c'est les émotions. Point barre. Peu importe ce que ces businessmen vous raconteront de leur parcours d'expérience car il faut bien faire la différence entre exister et vivre. Ils auront existé mais combien auront réellement vécu ?
La vie ne repose pas premièrement sur les réalisations. Il ne faut jamais confondre le but et le moyen. L'objectif c'est de se sentir pleinement vivre. Avez-vous réellement besoin de tous ces artifices pour la sentir ? Prenez seulement le nécessaire car c'est l'expérience du voyage qui compte, plus que les accomplissements.
Je l'avais dit dans l'article précédent : Quelque part, vous êtes attendus pour apporter un changement réel. Votre personnalité, vos capacités sont désirés ardemment quelque part. Quelqu'un pleure en ce moment parce qu'il n'a pas quelqu'un comme vous dans sa vie.
Alors, acceptez la merveille que vous êtes. Acceptez de la montrer aux gens. Arrêtez de bloquer votre avenir parce que vous avez peur de montrer qui vous êtes aux gens. Non, tout le monde ne va pas se moquer de vous, tout le monde ne vous rira pas aux nez si vous dîtes réellement ce que vous pensez.
En assumant qui vous êtes, vous donnez l'occasion à l'autre de prendre plaisir à découvrir la merveille que vous êtes et votre exemple lui donne aussi un peu plus le courage d'en faire de même. Vous lui aurez redonné la dignité qu'il attendait pour se montrer et ça, croyez-moi, ça n'a pas de prix.
C'est ainsi qu'on crée un cercle vertueux qui endiguera tous ces problèmes que nous voyons aujourd'hui. Mais tant que nous resterons happés par des intérêts autres que l'autre, ne nous étonnons pas des conséquences de nos actes.
C'est un combat que j'ai moi-même décidé de mener cette année. C'est extrêmement difficile pour moi car je suis naturellement très (trop) pragmatique et je préfère toujours me cacher derrière la réalité brute des choses plutôt que de me laisser aller à des merveilles qui pourraient s'offrir à moi.
C'est dur aussi quand je repense aussi à toutes les personnes qui m'ont causé beaucoup de mal pendant très longtemps et qui ne se sont jamais excusés pour ça. Bien qu'ils le sachent. Ils ont créé en moi des monstres qui m'ont détruite de l'intérieur, hantée pendant des nuits, des larmes, des cris, l'estomac qui se tort comme s'il est broyé par les émotions négatives qu'ils ont aussi créées. Et je leur en voulais beaucoup. Et je leur en veux parfois.
Mais dans ces moments-là, je me rappelle surtout que mon coeur n'est pas une poubelle et que demain a toujours mieux à offrir, si l'on décide de s'ouvrir vraiment à lui.
L'Amour est un appel intérieur qui pousse à vouloir toujours offrir ce que l'on a de mieux à l'autre. Alors pensez-y, la prochaine fois qu'un être humain vous abordera.


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En attendant le prochain article :
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