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"Démasqué !"

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Comprendre le problème


On vous ment.



Gravir les échelons n'est pas le plus dur. Le plus compliqué, c'est d'arriver à se regarder le soir en se disant que cette réussite est vraiment la vôtre.


C'est naturel pour nous de regarder des Fortunes du CAC 40 en train de vanter les mérites de leur mindset entrepreneurial.


C'est toujours plus naturel de voir les autres sous le spotlight. Mais quand il s'agit de nous, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'on fait ?


Aujourd'hui mon inspiration m'a tournée vers cette question. En apparence, elle semble simple à comprendre mais en vrai, c'est un peu plus complexe.



Ce spectacle qu'on nous colle à la peau


Est-ce qu'il t'arrive souvent à toi aussi de voir cette collègue te féliciter pour ta promotion et que derrière le sourire que tu affiches, ton esprit se fige ?


Est-ce qu'il t'arrive de te demander souvent si les gens parlent vraiment de toi quand ils scandent ton nom ?


Est-ce que tu doutes souvent que ces félicitations à ton égard soient bien méritées ?


Tu n'as pas besoin de le dire. Généralement, on le dit pas d'ailleurs. C'est difficile d'accepter que nous soyions capables de faire des choses admirées par les autres, comme si le centre de l'attention nous était interdit.


Ce n'est pas forcément que tu es timide. Tu es certainement très charismatique. Tu fais simplement ce que tu aimes comme tu le devrais. Et tu t'y plais. Vraiment. Mais tu n'es comme jamais vraiment préparé au revers de la médaille. Tu as l'impression que le succès te surprend, te tombe dessus à chaque fois comme un nouveau riche qui découvre le sens du mot "fortune".


Les plus érudits ont mis un nom sur ce mal : "Le syndrome de l'Imposteur".


En clair, tu vis tes accomplissements comme si tu étais le spectateur d'un spectacle dont les autres t'ont déclaré le personnage principal, le héros qui restera dans les annales.


Tu ne sais pas ce que tu es censé ressentir.


De la joie ? De l'orgueil ? Pour avoir fait quelque chose qui te semblait si naturel, sans effort ?


Il est difficile d'accepter les fruits d'une réussite qu'on a du mal à s'approprier.


Mais comment s'approprier quelque chose qui ne semble même pas avoir de valeur dans notre tête ?



Déconstruire la perception de la valeur


En repensant à cette question ce matin, il y a beaucoup de choses qui me sont revenues aussi en tête.


Je me demandais pourquoi j'avais parfois du mal à jouer de ma réussite. Pourquoi c'était aussi dur de me dire que ce que je faisais pouvait apporter de la valeur dans le quotidien des autres.


Confidence pour confidence, je me suis rappelée un jour où j'avais manqué de "réactivité" devant une situation qui m'était arrivée. On avait visiblement failli me causer quelque chose de préjudiciable mais de peu d'impact pour moi en réalité. Autant dire que ça n'avait aucune importance à mes yeux. Je m'en fichais.


Mais mon père m'a répondu : "Tu manques de personnalité !" "Apprends à avoir un peu de personnalité ! Tu es là, mouin-mouin, tu ne réagis jamais ! Grandis un peu ah."


Ça m'a fait extrêmement mal. Tout d'uncoup, un problème qui n'en était pas un pour moi est devenu une cause de condamnation. 3 choses me sont passées par la tête :


D'abord, j'avais l'impression qu'on m'ôtait le droit de penser par moi-même.


Ensuite, que l'on me forçait dans une attitude qui ne me correspondait pas.


Enfin, j'ai fini par me demander si j'avais réellement une personnalité.


L'adolescente que j'étais avait été atteinte, j'étais chamboulée. Cette parole me revenait souvent en tête depuis.


Au delà du fait que je sois naturellement très pragmatique, j'avais du mal à trouver que ce que je faisais avait de la valeur. Je me disais que ce sont uniquement ceux qui ont une personnalité qui méritaient d'être regardés. Les autres, ils n'existent pas. Aucun humain légitime ne peut exister sans personnalité. Et ce qui n'existe pas ne peut pas être digne de quelconque mérite.


Alors, je continuais à faire les choses par plaisir, par l'impulsion naturelle. Mais quand venait l'heure des hommages, j'avais l'impression de récolter par sabotage ou parce que les autres autour de moi manquaient de logique pure et simple.


Avec le temps, j'ai appris à challenger davantage cette idée.


Peut-être que mon père n'avait simplement pas su voir ma capacité à savoir me maîtriser ?

Peut-être qu'il ne savais simplement pas me regarder autrement qu'avec les yeux de sa personnalité à lui ?

Peut-être qu'il était simplement incapable de voir de la valeur ailleurs que dans ce qu'il était lui.


Et il n'est pas le seul. Beaucoup de gens bloquent la réussite des autres avec des paroles de ce genre.



L'impact sur la vie des autres


On a tous connu cette personne qui se moquait de nos pas de danse au primaire et qui disait qu'il valait mieux penser à s'investir dans autre chose. Alors que ça nous plaisait vraiment.


Celle qui se moquait de notre accent, notre façon de parler. Comme quoi, il faut s'assimiler parce que l'accent est trop là. C'est pire pour ceux qui zozotaient.


On a tous connu cette personne qui semblait prendre plaisir à nous voir rester derrière alors qu'elle a commencé bien après nous.


Pour la petite histoire, je suis passionnée de tout ce qui est soin capillaire pour cheveux crépus. J'ai cette camarade à qui j'avais partagé ma routine de soin, même les produits que j'utilisais. Je l'aidais même parfois dans ses soins.


Elle avait fini par avoir beaucoup plus de longueur que moi, me lançant parfois des piques. Un jour par exemple, je me coiffais et elle m'a sorti : "Mais toi t'es cheveux là, ça pousse plus ou bien ?".


Pour certaines raisons personnelles, j'avais négligé ma routine et faisais tout ce qui était contre-productif depuis plusieurs années. Je n'allais pas bien. Je donnais l'impression de poursuivre ma routine mais dans la solitude de ma chambre, je me les arrachais presque. Bien sûr, je ne trouvais pas nécessaire d'en parler à qui que ce soit.


Mais j'étais quand même choquée que de toutes les personnes au monde, elle me sorte ça.


Ça m'avait plombé le moral, en plus d'avoir baigné dans une phase low-esteem depuis quelques années. J'ai simplement pris mes distances par la suite, sans rien dire.


Je prends cet exemple pour dire qu'il y aura aussi des gens dans votre vie qui ne sont peut-être pas foncièrement méchants, qui vous apprécient certainement mais ne savent pas vous aimer à la mesure de ce que vous méritez.


Je parle d'amour parce que trouver de la valeur dans les actions de l'autre demande à avoir de l'estime pour tout ce qu'elle représente. Et l'estime va de pair avec l'amour. Pas nécessairement de l'amour "charnel" mais dans un sens plus universel.


Trouver de la valeur chez les autres, c'est apprendre à les regarder à la mesure de ce qu'ils posent comme efforts. J'ai moi-même dû apprendre longtemps à le faire, à aller au delà des conclusions de mon sens critique très prononcé pour voir les autres de façon plus humaine.


Les images qui défilent dans nos TimeLines nous incitent à valoriser uniquement ce qui brille, ce qui attire le regard. À vouloir copier uniquement cet idéal. En oubliant souvent que nous aussi, il y a des moments où le projecteur nous quitte et que même dans ces moments-là, nous aimerions juste être aimés pour ce que nous sommes.


On est tellement obsédés par le spotlight qu'on oublie que même les plus petites choses, dans le secret, on de la valeur, tant qu'elles servent à quelqu'un ici bas.


Pour tous ces jours où nous aurions souhaité être appréciés même quand nous n'avions rien, même lorsque nous efforts ne nous amenaient pas bien loin, nous avons le devoir de conscience d'apprendre à le faire pour les autres.


C'est pourquoi j'ai appris à trouver de la valeur dans les choses les plus insignifiantes.



Trouver de la valeur dans l'insignifiant


Je me suis efforcée de changer cette perception toxique en m'auto-éduquant.


Lorsque je rencontrais une nouvelle personne, je faisais le vide dans mon esprit de tous mes fondements personnels. Je voulais prendre le temps de l'écouter, de l'observer uniquement dans ce quel était à cet instant bien précis pour mieux la saisir.


Parfois, je voyais une dame courageuse qui parlait peut-être mal le français, qui avait souvent des habits sales pleins de fumée, mais qui se battait chaque jour pour ses enfants. Elle n'était pas classe, elle ne gagnait pas beaucoup mais le sourire qu'elle apportait à ses enfants montrait à quel point elle était une femme responsable. Personne n'aura plus de valeur à leurs yeux qu'elle. Pas même Michael Jackson.


Parfois, je voyais un ami qui s'efforçait de comprendre les maths même si c'était du charabia pour lui. Il était assidu aux heures d'étude et se déménait comme personne pour comprendre. Sa moyenne n'a peut-être pas "skyrocketed" mais il était admirable parce qu'il mettait de la valeur dans ce qu'il faisait.


Je voyais cette femme de 35 ans qui malgré tous ses efforts, luttait encore avec des violences de l'enfance. Une femme brisée, perdue, qui ne trouve pas de compagnon et n'a plus le courage d'aller aux mariages de ses promotionnelles. Quand elle se voyait, elle voyait l'échec. Moi je voyais une femme qui malgré la douleur, se levait chaque jour pour travailler, subissant le stress du boulot pour ensuite subir le stress d'une maison vide de sens. Je voyais une femme magnifique qui mettait de l'étincelle dans la vie des autres même si elle ne trouvait plus de saveur à la sienne.


Je voyais tous ces gens qui, au delà de leurs insuffisances actuelles ne perdaient jamais goût à la vie. Des gens qui n'avaient peut-être pas l'assurance du lendemain mais se disaient qu'aujourd'hui est déjà là, alors autant en faire quelque chose de bien.


Toutes ces rencontres m'ont rendue profondément humble. J'avais aussi la critique facile étant enfant. Mais aujourd'hui, cette initiation forcée m'a ouvert les yeux sur un monde que je ne connaissais pas, un monde qui a fait taire mon pragmatisme et m'a rendue extrêmement humble.


Aujourd'hui, je sais dire "Merci, c'est gentil !" lorsqu'on me dit dans la rue que je suis belle. Ça me fait rire quand je pense qu'au lycée, une cadette m'a approchée spontanément et m'a dit : "Eh grande sœur, tu es jolie deh !" Et moi : "Qui t'a envoyée ?" Pour de vrai. On était en Avril et je pensais que c'était une camarade de classe qui l'avait envoyée pour me faire un cannular. Mes amies à côtése sont moquées de moi : "Dis-lui merci ahii toi aussi Aurélie !". Elle-même elle a ri mais en y repensant, ça me montre à quel point j'ai fait du chemin depuis.


Aujourd'hui, je suis capable d'accepter que je puisse être lue par des gens que je ne connais même pas, alors que j'ai souvent l'impression d'écrire du pur non-sense (rires).



Ce qu'il faut retenir


Aujourd'hui, beaucoup de choses ont changé dans ma vie parce que j'ai appris à cultiver une appréciation plus valorisante des autres. Ils ont été le miroir qu'il me fallait pour moi-même.


J'ai appris à apprécier chaque effort que je fournis. J'ai appris à apprécier encore plus mes cheveux pour les survivants qu'ils ont été dans cette phase noire de ma vie.


J'ai appris à accepter que le projecteur me choisisse aussi.


Combattre le syndrome de l'Imposteur, c'est apprendre à trouver de la valeur dans tout ce qu'on fait. Même les choses les plus évidentes et les plus naturelles méritent d'être célébrées avec faste car le jour où elles ne seront pas là, on sentira le poids de leur absence.


Si toi aussi tu vis avec cette peur constante que tu seras "Démasqué !" un jour pour toutes ces victoires "volées", il est peut-être temps de changer ta perception de la valeur.


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ree


11 commentaires


Invité
13 juil.

Toujours un plaisir de te lire et Merci de partager avec nous ta recette.

Dis tu as pu vraiment t'en débarrasser ? Le syndrome de l'imposteur ne te reviens de temps à autre ?

Je demande parce moi, même si j'arrive à admirer les efforts des personnes "lambda", je vois jamais les miens.

Bon c'est peut-être juste un manque de confiance en soi 😂

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Thomas
12 juil.

Toujours un plaisir de te lire, Aurélie. J'avoue que chaque fois que je te lis, je me retrouve quelque part dans ton texte. Et je me sens concerné par les conseils que tu donnes à la fin. Bravo!🎉👏

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Aurélie
Aurélie
12 juil.
En réponse à

Merci à vous 😊 Merci de continuer à me suivre surtout.

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Invité
12 juil.

Un article à lire et à relire .

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Aurélie
Aurélie
12 juil.
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Merci 😊

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Invité
12 juil.

C'est toujours un plaisir de te lire Aurélie. Chacun de nous se pose les mêmes questions pendant un petit bout de temps dans le brouhaha de nos vies. Mais toi, tu les exprimes, les analyses et nous donnes des réponses et même d'autres pistes de réflexion encore plus intéressantes.

Merci pour ce que tu fais, ça réjouit notre cœur et notre santé mentale. Mercii et je suis impatiente de te lire très prochainement ...

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Aurélie
Aurélie
12 juil.
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Merci. C'est toujours réjouissant de voir que ce qu'on fait procure du bien aux autres. Merci de continuer à me suivre également.

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Invité
12 juil.

Encore un article de qualité 💕

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Aurélie
Aurélie
12 juil.
En réponse à

Oui, c'est bien de le prendre de cette manière mais comme tu le comprends bien, selon le parcours de vie de chacun, il est difficile pour certains d'en faire de même.


Tout le mal que je leur souhaite est d'arriver à ce stade aussi.

Modifié
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