Et si tu reprenais tout ?
- Aurélie

- 28 juin
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juil.
Comprendre le problème
Le malaise du reflet
Tu te regardes dans le miroir sans trop savoir qui tu vois. Tu as l'impression de te voir, sans te voir. Tu as l'impression que tes yeux te perçoivent sans que ton cerveau n'assimile ta présence. Tu as cette sensation étrange de vivre sans plus rien ressentir. Comme si, quelque part, la vie s'était figée en toi..
Chaque jour, tu reprends l'exercice. Tu te lèves, tu te regardes encore et encore dans la glace en ayant l'espoir que ton cerveau reconnaisse ce visage qui lui est pourtant le plus familier. Mais c'est comme si plus tu te regardes, plus les choses deviennent floues. Plus ton esprit dévie de l'objectif. Tes sensations ne démarrent même pas. Ton cerveau finit par meubler le temps avec ces petits défauts que tu redoutes sur ton visage, sur ton corps.
Et tu finis par te dire que tu n'aurais même pas dû tenter l'expérience.
Si tu te reconnais dans ces mots, alors tu as un problème. Ce problème est parfois plus profond qu'on ne le pense. Ce n'est pas juste un manque d'intérêt, c'est une fuite de nous-mêmes.
Les fantômes du passé
Quand tu te regardes, reviennent sans cesse ces choses que tu n’avoueras jamais. Elles t’assaillent, silencieuses, mais tenaces. Au fond, tu as un peu l'impression que ton corps a beau évoluer avec le temps mais que ton esprit ne suit pas. Comme s'il est bloqué à cette fameuse date où tu as dit cette parole que tu aurais préféré ne jamais prononcer. Tu te regardes mais quand tu te vois, c'est la honte, l'humiliation, le dégoût de toi-même que tu ressens. Tu n'arrives pas à penser à un seul trait positif chez toi, c'est plus fort que toi.
Quand tu te vois, ce sont des mots négatifs, des insultes, des injures prononcées souvent par tes propres parents, oncles, tantes, que tu entends constamment. Il arrive même que tu entendes un ricanement qui n'existe même pas, comme s'ils étaient là, tout près, comme lorsque tu avais encore cet âge, à te rire au nez. Et le plus drôle, c'est que tu auras beau avoir gagné des muscles, avoir fait 10 années d'arts martiaux, tu ne comprendras jamais pourquoi à leur écoute, tu deviens instantanément tétanisé, comme si tu avais encore 5 ans, dans un corps de 35 ans, recroquevillé au sol, en boule, espérant ne pas se faire frapper encore une fois.
Parfois, ils n'ont pas eu besoin de te frapper. Ils n'ont jamais levé un bâton sur toi mais par leur regard empreint d'humiliation, de mépris, de rabaissement, par leurs menaces jetées à tout vent, il arrive parfois que ton corps ait été tellement tendu par la peur constante des menaces qu'il ne sache plus se détendre. Tu es dans la peur constante, même 30 ans après. Tu ne les invites pas chez toi car tu ne veux pas que tes enfants te voient dans cette situation d'impuissance. Tu as choisi de reconstruire ta vie sur de nouvelles bases que tu ne voudrais absolument pas les voir faire pourrir. Et ce sont eux qui diront que tu es ingrat(e), que tu n'as pas su leur rendre tous les efforts qu'ils ont faits pour toi. Mais attention : il ne faudra jamais au grand jamais compter sur eux pour te demander pardon car ils ont toujours raison. Ils ont toujours un argument en béton.
Aujourd'hui, il y a peu de mots qui peuvent décrire l'impact que ça a eu dans ta vie.
L'impact sur une vie
Quand le corps se souvient
Ces gens-là, tu rêves d'eux même quand ils ne sont plus là. Ils dorment presque dans le même lit que toi tant ils ne te quittent pas. Tu leur voues une telle haine que tu t'en veux de n'avoir pas su te défendre à ce moment-là. Tu t'en veux de n'avoir jamais su leur tenir tête quand il le fallait, parce que tu avais peur ou que tu croyais sincèrement qu'ils ne voulaient que ton bien.
Il y a des moments où tu les as tellement haïs qu'ils ont alimenté un monstre que tu ne maîtrises plus. Depuis cette époque, tu as peur d'exprimer ce que tu ressens parce que tu as peur de ce que ce monstre pourrait créer. Il te pourrit le coeur, rugit en toi, crie dans ton sommeil mais tu refuses de le laisser sortir parce que tu crains ce à quoi tu ressemblerais. Tu te demandes si en le laissant sortir, tout ce que tu as bâti par la suite pour tenter d'échapper à ce passé envahissant ne va pas simplement s'écrouler. Est-ce que ces amis ne finiront pas par te fuir ? Ne te trouveront-ils pas trop "hautain", "affirmé", "ennui" ?
Qu'est-ce qu'il y aura au delà de ce masque ?
La peur de se retrouver à 0 est tellement grande que tu préfères le garder enfermé. Tu luttes, tu as mal au coeur, tu développes des palpitations, des ulcères mais tu refuses de le montrer. Tu sais que ce monstre n'aura aucune pitié pour eux. Tu sais qu'il n'hésitera pas à prendre un couteau et à le planter une centaine de fois dans leur chair. Et même quand le sang giclera sur les murs, ce sera certainement la seule fois où devoir faire le ménage après n'aura jamais été aussi peu disuasif.
Le problème n'est pas que l'idée n'est pas séduisante. C’est juste que te tu refuses à franchir cette ligne. Par peur, ou par sagesse. Tu n'as pas envie de mettre ton avenir en jeu à cause d'eux. Alors tu endures. Et un jour on se demandera comment on n'a pas pu voir avant, l'irréparable se produire ?
Certains, plus téméraires (ou suicidaires ?) le laissent sortir. Et ils assument les choix ensuite. Auront-ils fait le bon ?
Au fond, c'est une décision personnelle qui taille notre personnalité à jamais. Ces gens que vous pensez être "trop durs" ont dû apprendre trop tôt qu'être faible n'était pas une option. Ceux que vous voyez être plus timorés n'ont pas été plus faibles...la peur a eu raison d'eux car ils ont mis trop d'espoir en des gens qu'il ne fallait pas. Ils ont tellement d'amour à donner mais ne savent pas quoi en faire aujourd'hui. Leur perception de l'affection a été si impactée par des relations bancales qu'ils ont choisi de garder leur nature mais à distance.
Les comportements dans notre entourage d'enfance détermine toute la trajectoire du reste de notre vie. Malheureusement, nous n'avons pas tous la chance d'avoir des parents assez consciencieux pour faire le ménage nécessaire.
Aujourd'hui, nous devons nous-mêmes être ce parent là.
Comment se pardonner ?
Le pardon : une reconstruction intérieure
J'ai fini par comprendre que le pardon est plus complexe qu'on ne le pense. Se pardonner, c'est se donner une nouvelle chance au-delà de tout ce qui a été. C'est choisir de se dire que c'est vrai que le contexte A d'hier a conduit au contexte A' d'aujourd'hui mais je choisis de me donner une chance de me créer une situation C.
Je pense que le plus dur, c'est d'apprendre à se regarder droit dans les yeux pour oser accepter qu'on n'a pas été le héros qu'on aurait aimé être pour nous-mêmes. Toutes ces choses que nous aurions aimé avoir le courage de faire à l’époque, mais que nous n’avons pas osé faire.. Ce sont des choses qui ne nous quittent pas car elles ont été comme la conclusion d'une dissertation qui n'a pas semblé changer avec le temps.
Quand on ne se pardonne pas, on est dans un état où la conclusion passée de notre vie reste la seule valable à nos yeux : qu'on a été un raté, un lâche, trop pauvre, pas assez audacieux, pas assez bien habillé, trop timide, trop réservé, trop ouvert, pas assez bien. On fige notre esprit sur une conclusion d'une époque parfois révolue. Nous choisissons de porter un fardeau que les autres nous mettent sur le dos, que nous n'avons pas choisi.
Le verdict injuste qu’on se donne
Regarde-toi. Tu sais combien de temps il a fallu pour te former ?
Bien souvent, nous acceptons ces cailloux parce qu'on ne nous a jamais appris à cultiver des fleurs pour décorer le chemin. Dans la religion chrétienne, on dit que c'est la parole qui délivre et qu'ainsi, c'est ce qu'on entend qui nous délivre de nos maux. Je crois aussi fermement que c'est en proclamant aux autres la vérité sur leur innocence qu'ils pourront être délivrés.
Quelle innocence ? Celle vis-à-vis de tous leurs fardeaux. Tu n'as pas été à la base du divorce de tes parents. Tu n'as pas mal fait de faire confiance à un ami qui a fini par te trahir. Je le proclame sur ta vie : Ce n'est pas toi le problème. D'ailleurs, tu n'es pas un problème. Tu es un Être qui a beaucoup à offrir. Personne n'est un problème. Personne. Ceux qui vous diront le contraire sont des connards. Personne ne doit en arriver à ce stade de sa vie où il se sent moins utile qu'un sac à patates. C'est ridicule et insensé.
Regarde-toi. Tu sais combien de temps il a fallu pour te former ? Combien d'efforts il t'a fallu pour te développer ? Tu oses appeler cela un Être inutile ? Parce que tu n'es pas aussi riche que tu le souhaiterais ? Ou parce que tu n'as pas autant de succès socialement que tu le voudrais ? Crois-moi, tu n'as pas à porter ce poids toute ta vie. Tu mérites de pouvoir te regarder dans la glace sans aucune culpabilité.
La vie n'est pas faite pour être vécue en backstage. Plus tu portes de poids, moins ton cerveau a de force et d'attention pour se focaliser sur tout ce qu'il y a de bien chez toi. Donne-toi une chance de voir le bien que tu peux dégager dans la vie des autres. Donne-toi une chance de te sentir utile aux autres.
L’importance de se rechoisir
Peu importe ce qu'on t'a dit par le passé, écoute cette parole : Tu mérites de te décharger. Personne n'est fait pour souffrir. J'entends parler de dysphorie de genre, de dysmorphophobie, etc. Toutes ces choses sont bien souvent liées à tout ça. Tu peux changer de genre et de sexe, tu peux passer 20 ans à changer de visage mais tu ne seras jamais satisfait(e). Parce que ce que tu cherches n'est pas une harmonie extérieure mais simplement pouvoir trouver dans le regard des gens, ce que tu n'arrives pas à trouver en toi. Tu n'auras jamais la paix.
Ces maux représentent un mal-être qui n'a jamais trouvé guérison, une sensation de ne pas être chez soi, en soi-même. Pour le vaincre, il suffit d'un premier pas vers soi. Il suffit d'oser se regarder et ne pas avoir peur de penser du bien de soi-même. C'est très difficile au début mais plus on se concentre à le faire en acceptant de laisser tomber tous nos fardeaux — notre gêne, notre honte de nous-mêmes, toutes les petites imperfections de notre visage —, plus ça devient étrangement facile de s'apprécier en tant que personne.
Plus ça devient facile de faire le ménage dans son espace intérieur.
Créer un nouvel espace intérieur
Prenez un temps de réflexion sur tous les fardeaux que vous portez. Prenez le temps de les analyser et de les comprendre. Si le problème a été que vous n'avez pas été assez vaillant, faites davantage d'activités qui développent de ce trait. Si le problème était financier, travaillez à développer votre portefeuille.
Tout changement part d'un changement car tu ne peux pas refaire la même chose mille fois et espérer un résultat différent. Quelque chose doit bouger en toi d'abord pour que l'extérieur bouge. Alors je t'encourage à faire le premier pas. Qu'il soit modeste, minuscule ou pas. Cherche à faire un pas différent chaque jour et prends le temps surtout de regarder à mi-chemin toutes les petites cases que tu as déjà cochées.
Personnellement, je ne fais rien d'extraordinaire de ma vie. J'aimerais souvent tellement en faire plus mais je sais que les bonnes choses prennent parfois du temps. J'ai décidé depuis 6 ans que quoi qu'il arriverait, j'avancerais. Peu importent les complications du quotidien, le manque de réalisation, je me dis que cette journée a toujours quelque chose de beau à offrir. Alors, je me lève en ayant la foi que ma journée ne sera pas parfaite mais qu'elle est déjà gagnée. J'accueille chaque nouvelle rencontre comme une étincelle inespérée : tantôt un feu latent qu'il vaut mieux désamorcer, tantôt un feu d'artifices que je me plairais bien à regarder.
J'apprends à savourer chaque minute de ma vie pour ce qu'elle est. Je ne la compare pas à celle de qui que ce soit. J'apprends à me suffire de ce que j'ai et je fais ce que je sens être le plus juste pour moi, même lorsque personne ne me comprend. J'apprends à me mettre en avant. J'apprends à me décharger pour faire de moi une priorité.
Mais je reconnais que le plus dur est lorsque pour des raisons financières surtout, tu doives resté bloqué avec ce qui hante justement tes nuits, ce qui te tétanise et te met dans un état de stress permanent où ton cerveau s'interdit de penser à toi — où ton cerveau ne pense qu'à l'autre constamment, souhaitant prévenir intérieurement toute prochaine attaque. Je reconnais que c'est extrêmement dur car c'est comme si on te demandait de te dédoubler.
Mais même dans l'antre du loup, essaie de te créer ton espace à toi. Ta safe place. Ce ne sera peut-être pas un 50 m2 mais il faut que tu crées ton petit espace où tu peux te retrouver et être toi. Lorsqu'elle n'est pas nourrie, la conscience de soi finit par s'éteindre. Quand elle s'éteint, tu n'es plus toi et tout dérape.
💁🏽♀️💡Ce que je t'invite à faire dès aujourd'hui
L'irréparable n'est jamais loin. Cultivons le respect et éduquons nos bouches à déclarer une vérité qui peut délivrer les gens au lieu de les détruire.
Alors fais-moi plaisir : Reprends-moi tout ça. Mets de l'ordre dans ta vie. Prépare une nouvelle bobine pour le reste du film. Et surtout, mets un beau sourire sur ce visage et dis-moi "Cheeeeeeese !!".
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En attendant le prochain article :
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Texte simplement magnifique, qui réjouit le cœur, à l'image des Saintes Écritures.